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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
distinguer les ouvrages de la fin du xvc siècle de ceux qui appar­tiennent aux premières années du xvi0, il nous a semblé qu'il convenait de rapprocher les éléments présentant entre eux de nombreux points de ressemblance. Tandis qu'auparavant les types encore existants de notre industrie étaient d'une extrême rareté, ils vont se présenter maintenant en si grande abondance et sur tant de points à la fois, qu'il faudra renoncer à les signaler tous.. Un volume entier suffirait à peine à la description et à l'énumération sommaire des suites merveilleuses conservées à Madrid, à Vienne, à Florence, à Borne, à Paris, à Londres et dans vingt autres endroits.
Si quelques anciennes collections royales doivent à des circon­stances particulières la possession des spécimens les plus vantés de la fabrication bruxelloise, la France n'a rien cependant à envier aux pays étrangers. Où trouver un ensemble comparable à celui qui se trouve réparti entre Beims, le Mans, la Chaise-Dieu, Aix, Montpezat, Angers, Sens, Saumur, et qui fait encore la gloire de nos vieilles églises? Faut-il admettre que les prélats qui ont ainsi enrichi le trésor de leurs cathédrales aient été réduits à s'adresser à des étrangers pour exécuter leurs pieuses libéralités? Nous ne le croyons pas. Nous trouvons, au contraire, dans ces tentures mêmes, empreintes souvent d'un goût archaïque et suranné, la preuve que l'industrie qui avait remporté ses plus beaux triomphes sur la terre française, gràce à des princes français, n'abandonna jamais complètement le théâtre de ses premiers succès.
Est-il possible d'attribuer aux mêmes artisans qui venaient de traduire les admirables cartons de Baphaël, ces histoires de la vie de saint Bemi et de saint Florent, par exemple? Nous citons de préférence celles-là parce qu'elles portent une date, gardant en pleine renaissance comme un reflet du recueillement pieux des acres antérieurs.
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Après de longues recherches, nous sommes arrivé à constater qu'aucun pays ne possède des séries de tapisseries aussi anciennes, aussi précieuses que celles de nos vieilles cathédrales, de nos an­ciennes abbayes; un pareil fait est significatif par lui-même. De plus, aucun doute ne subsiste plus dans notre esprit sur le carac­tère essentiellement français de ces monuments, derniers vestiges des traditions attardées du moyen âge. Aussi, avant d'aborder l'étude des ateliers de Bruxelles et de leurs incomparables pro­ductions, passerons - nous rapidement en revue les trésors con-